SANTÉ

Le 11 décembre 2018

Antistress : c’est quoi, la Gestalt thérapie ?

La gestalt est une pratique thérapeutique à l’écoute des émotions et des sensations. Optimiste, elle considère que nous possédons tous des ressources pour faire face.

Le terme Gestalt signifie « forme » en allemand. On doit son développement à plusieurs thérapeutes, dit Groupe des sept, dont les psychologues d’origine allemande Frederick S. Perls et sa femme Laura sont les plus connus. Ensemble, ils ont théorisé et développé cette pratique aux Etats Unis à partir des années 50. Qualifiée « d’existentielle », la gestalt s’oppose à la théorie freudienne classique qui travaille plus sur l’inconscient et se démarque des thérapies brèves qui font disparaître le symptôme en s’intéressant moins au fond. La gestalt considère que l’individu possède les ressources nécessaires à son développement et parle de « client » et non de « patient », terme à connotation passive. Cette pratique considère l’être humain dans son environnement et regarde comment l’émergence, la prise en compte de ses besoins et leur satisfaction forme ou pas un cycle fluide. La dimension psycho-corporelle est centrale. La gestalt s’intéresse à ce que dit le corps, comment il le dit et comment on en parle. C’est aussi une thérapie fondée sur l’instant présent, l’ici et maintenant. Ces éléments la rendent adaptée à la prise en charge du stress, au niveau individuel et collectif.

Dire les choses en séance permet d’identifier les facteurs de tension

Le corps est une source de connaissances pour le thérapeute et c’est souvent lui qui amène les gens à consulter. « Le stress peut être la conséquence, le symptôme d’un surinvestissement au travail ou de relations malsaines. Chacun a un niveau de stress gérable qui lui est propre, mais vient un moment où le corps dit qu’il n’en peut plus, explique Christine Dubart, gestalt-thérapeute. Ce qui peut donner lieu à une somatisation plus importante, des maladies, des angoisses typiques, comme la difficulté à respirer.» La prise en charge ne se contentera pas de donner la parole au client mais aussi à ses émotions et ses ressentis. « Tout part de là, continue Christine Dubart. Je peux inviter la personne à ralentir son récit pour me dire ce qu’elle ressent quand elle me parle. Cela permet d’éviter le piège de se limiter au contenu et de regarder plutôt le processus. Je suis sensible en tant que thérapeute à comment mon client dit les choses, comment il les nomme et ce qu’il ressent quand il en parle. Je suis en miroir et je peux m’autoriser à dire ce que je ressens face à une situation qu’il considère comme normale. Je peux, par exemple, dire que je serais en colère à sa place et de là, lui demander si lui aussi ressent cette colère. On s’aperçoit alors que la personne a enfoui son ressenti, et on parle alors de comment ce serait de le laisser s’exprimer. Dire les choses en séance peut parfois suffire et permettre à la personne d’identifier des facteurs de stress pour essayer de réagir autrement dans son environnement.»

Une pratique qui recrée des liens et de la solidarité

 

La gestalt a trouvé sa place dans les entreprises depuis plusieurs années. Elle se sert de mots de passe comme « intelligence émotionnelle », « création d’intelligence collective » ou « prévention des risques psycho-sociaux » pour intervenir sur le stress. Yolande du Fayet de la Tour, psychothérapeute et présidente de la Société des Coachs et Consultants Gestaltistes, explique souvent aux dirigeants que le mauvais stress produit de l’agressivité. Contre soi-même, et c’est la somatisation ou le « pétage de plomb », et contre les autres, et c’est l’excès de zèle qui mène au harcèlement. La râlerie permanente et le phénomène de bouc émissaire relèvent du même processus. Des jeux de rôle, le psychodrame, permettront de partager ses ressentis, de faire émerger des solutions collectives, et de recréer du lien entre un groupe de salariés pour les rendre capable de sortir de leur solitude, de demander et d’offrir de l’aide alors que les impératifs individualisés de productivité ont tendance à les isoler. De quoi justifier le qualificatif de « thérapie humaniste » pour qualifier la gestalt.